Les fabricants européens historiques de tubes vélo
Dedacciai est l’un des trois derniers fabricants historiques de tubes pour vélos encore en activité en Europe. Un en Angleterre, un autre en Italie… et Dedacciai. Les fabricants français, eux, ont disparu.
Ce qui fait la force de Dedacciai ? Le choix des matériaux et les procédés de fabrication. Résultat : des tubes légers, techniques, et aux propriétés mécaniques remarquables.
Un partenaire dès le début de Parco
J’ai fait appel à Dedacciai dès les tout premiers jours de Parco. Grâce à eux, j’ai pu fabriquer le prototype Parco //001, qui utilisait leurs tubes en acier.
Un second proto a suivi, lui aussi en acier. Ensuite, je suis passé à l’aluminium. Cela m’a permis d’alléger le vélo et d’éviter les problèmes de corrosion.
Deux ans de collaboration… et une visite d’équipe
Au bout de deux ans de collaboration et une quinzaine de vélos produits, il était temps d’aller voir l’envers du décor. En octobre 2022, on a traversé la Suisse avec toute l’équipe pour visiter l’usine.
Là-bas, c’est Stefano Locatelli qui nous a accueillis. Avec son frère Luca, il a fondé Dedacciai en 1992.
Après avoir présenté notre tout dernier vélo, Stefano nous a offert une visite de l’usine. Il en a profité pour nous transmettre une partie de son précieux savoir-faire.
Des tubes à épaisseurs variables
Première spécificité des tubes Dedacciai : leur épaisseur varie le long du tube. Et ce n’est pas un détail esthétique.
👉 Pourquoi ? Parce que l’avant du cadre subit plus de contraintes que l’arrière. Il faut donc des tubes plus épais à l’avant qu’au niveau de la selle. Ceux que nous utilisons font 1,5 mm à l’avant, contre 1,3 mm à l’arrière.
Ce résultat ne doit rien au hasard. Il est obtenu grâce à un étirage avec mandrin.
Plus précisément : le tube est poussé dans une filière qui lui donne son diamètre extérieur. En parallèle, un mandrin usiné placé à l’intérieur imprime les variations d’épaisseur. C’est précis, propre et redoutablement efficace.
Le cintrage manuel, tube après tube
Deuxième moment fort de la visite : la fabrication des bases (ces tubes à l’arrière du cadre, entre pédalier et roue). Ici, tout passe par une série d’opérations manuelles.
Les bases doivent être cintrées avec soin :
- d’un côté, pour dégager l’espace nécessaire au pneu,
- de l’autre, pour laisser passer la couronne du pédalier.
Certains fabricants automatisent ces étapes à l’aide de presses ou de cintreuses. Chez Dedacciai, pour nos petites séries, ce n’est pas pertinent.
👉 C’est donc Maurizio, l’un des 20 salariés de l’entreprise, qui s’en charge à la main, tube après tube. Ensuite, il les inspecte un par un. Une patience admirable.
Une histoire de technique, mais surtout de passion
Bien sûr, leur savoir-faire ne se limite pas à ces deux opérations. C’est l’ensemble — leur rigueur, leur passion, leur histoire — qui m’a convaincu de poursuivre avec eux.
Livraison avant Noël 🎄
Deux mois plus tard, juste avant Noël, j’ai repris la route direction l’Italie. Cette fois, c’était pour récupérer notre première vraie production de tubes.
Grâce à elle, nous avons pu fabriquer les cadres des 100 premiers vélos Parco.
Encore un grand merci pour votre lecture !
Et si vous passez un jour par Belfort, poussez la porte de nos bureaux : je me ferai un plaisir de vous raconter tout ça de vive voix.
On se retrouve bientôt pour un nouvel article. Spoiler : il sera question de la Fonderie Rapide Belfortaine. Sans elle, j’aurais peut-être dû apprendre à souder tout seul… et croyez-moi, ce n’était pas le plan 😅